C'est donc vers 1990 que Marc LEVAILLANT s'est installé dans les locaux de l'ancien Bar - Cinéma "LA RENAISSANCE" tenu par la famille CHOISEL. Tous les jeunes Milliacois de ma génération y avons joué de nombreuses parties de billard et passé des soirées mémorables. En 1988, nous avons assisté à la dernière séance de notre cinéma Milliacois avec beaucoup de nostalgie et d'amertume !
Comme l'acte notarié ci-après l'atteste, le fonds de commerce "LE CAFÉ DE LA RENAISSANCE" a été vendu en 1919 par Abel LARPENT à Jules-Eugène RAMOND
Dans cet article de 1921, il est intéressant de lire
qu'un film "POPAUL ET VIRGINIE" a été tourné
en 1919 sur la place du marché et sous la halle de Milly
Acte notarié du 7 juin 1919
Voici la transcription de l'article publié dans L’abeille d’Étampes le 23 Mars 1918 pour
L’INAUGURATION DU THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE A MILLY
Depuis la formation du centre d’instruction de Milly, la salle de théâtre de la Renaissance était affectée au cantonnement des troupes. Les nombreux poilus qui s’y sont succèdés depuis bientôt trois ans y ont laissé de nombreuses marques de leur passage, aussi la tâche parut irréalisable lorsque le sympathique colonel Leduc résolut de transformer ce cantonnement en salle de réunion. Il s’agissait d’en faire le Foyer du Soldat, le lien où les hommes des différentes armes stationnant à Milly pourraient se distraire, lire et faire leur correspondance.
Cependant, le commandant du centre d’instruction n’hésita pas ; utilisant à propos les bonnes volontés dont il est entouré, il sut faire « renaître » la salle de la Renaissance, la restaurer, l’aménager, la transformer fort joliment et même l’agrandir par la construction d’une tribune. Aujourd'hui, elle répond convenablement aux besoins de sa nouvelle destination.
Tout étant à point, des invitations furent lancées et la fête d’inauguration avait lieu le 14 Mars à 20 heures, sous la présidence du colonel Leduc, lequel avait conçu et réalisé un programme des mieux composés.
C’est devant une salle comble d’invités que se leva le rideau. L’ouverture de la première partie se fit par la « Marche des Zouaves » et la « Marche Lorraine » exécutées sous l’habile direction de M.Simon par un orchestre symphonique de 20 musiciens. Au cours de la soirée, cette phalange musicale exécuta non moins brillamment une valse de Krier ; « Salut au printemps » de Barbet ; la Marche de Sidi-Brahim ; une polka de concert d’Hovelacque et « Grenada » de Garcia. La partie chant fut parfaitement rendue par MM. Klein, du 4ème zouaves, qui chanta « Le drapeau » ; Hochereau, du 23ème colonial, « Hardi les Gars » ; « J’adore les brunes », par M.Delaplanche, du 1er zouaves. M.Lautreix, du 4ème zouaves, ne fut pas moins applaudi pour « l'Enigmatique ».
« Enfin j’ai une auto », « Chanson sabire », « Lui non plus », « J’ai repris mes sens », etc., furent pour leur interprète, M.Cantella, du 1er zouaves, l’occasion de nombreux bravos et rappels.
L’originalité des fables de la Fontaine (en sabir) dites par M.Gauthier, du 23ème colonial, amusa beaucoup.
Les applaudissements ne furent pas non plus ménagés à M.Tardieu, du 4ème zouaves, quand, costumé en dame, il interpréta « Maman la Bataille » ; ce fut pour lui une ample moisson de bravos, lorsqu’en son costume féminin, drapé du drapeau tricolore, de sa belle voix, juste et vibrante, il entonna la « Marseillaise ».
« Le Rêve passe » (trio vocal et orchestre) fut un éclatant succès pour M.Margant, du 26ème chasseurs, Delaplanche, du 1er zouaves et Henri Klein, du 4ème zouaves.
Un numéro sensationnel fut « Verdun », M.Margant, du 26ème chasseurs, qui le chanta, fut l’objet d’unanimes bravos, applaudissements et rappels.
Une petite et intéressante séance de prestidigitation divertit quelques instants l’auditoire.
Doué d’une belle direction et remarquable diseur, M.Orande, qui récita le « Zéphir » de Zamacois, fut attentivement écouté et applaudit ; c’était justice.
La partie musicale impeccablement rendue par l’orchestre fut un vrai régal pour les amateurs de belle musique. On entendit un solo de violoncelle « Méditation » de Papin, par M. Lievens, du 26ème chasseurs, 1er prix du Conservatoire de Paris ; un solo de violons « Czardas » de Monti, par M. Pain, 1er prix du Conservatoire de Paris. L’ouverture de « Poète et Paysan » de Suppé, par le sous-lieutenant Renoux, du 1er zouaves, Pain et Lieviens, du 26ème chasseurs, tous trois premiers prix du Conservatoire de Paris, ainsi que « Le déluge » de C. Saint-Saëns, trio, piano, violon et violoncelle.
On applaudit, sans réserve, la maîtrise de l’archet des artistes sous l’impulsion desquels violon et violoncelle chantaient tantôt avec force et brio, tantôt avec une délicieuse langueur. Le sous-lieutenant André Renoux, 1er prix d’orgues du Conservatoire de Paris, pianiste de haute valeur, qui, sans une minute de répit, tient toute la soirée le piano d’accompagnement, mérite les plus sincères félicitations.
La première partie se termina par « La Guerre en Pantoufles », charmant vaudeville de Galipaux, fort bien interprété et parfaitement rendu par M.Delaplanche, du 1er zouaves et « Mademoiselle » Tardieux du 4ème zouaves. Cette amusante saynette est encore trop peut-être d’actualité, malgré l’active chasse faite aux embusqués. A la suite de cette amusante saynette, M. le colonel Leduc adressa à ses nombreux invités, une allocution charmante empreinte de fine bonhomie. Il dit les efforts qu’il avait dû faire et les difficultés qu’il avait eu à surmonter pour amener son œuvre à bonne fin ; les résultats qu’il attendait de la réunion, dans cette salle, des jeunes avec les anciens. Il adressa ses remerciements à la municipalité, à l’auditoire, qui avait répondu à son appel, à l’orchestre, aux artistes, à ses dévoués collaborateurs et en particulier au lieutenant Cambret ; à M.Rousseau pour son éclairage ; à M.Poirrier pour les programmes, en un mot à tous ceux qui ont plus ou moins contribué à rehausser l’éclat de la soirée.
Enfin, le colonel avoua que si la restauration de la salle de la Renaissance lui était sujet de vive satisfaction, elle lui était également sujet de dettes et que pour les… combler, il s’adressait à la générosité de la salle ; il annonça que de gracieuses quêteuses allaient passer, non avec le plateau traditionnel, mais avec de grandes chéchias, « afin, disait-il, de mieux vider les poches ».
La quête fut faite par M.Labrousse, assistée du capitaine Bourdillat, du 4ème zouaves et par Mlle S.Meyer, conduite par le capitaine Delanoie, du 26ème chasseurs. Peu après, le colonel Leduc annonçait avec émotion que la quête avait produit 283 francs, et il remercia l’auditoire de sa générosité.
Remarqué au hasard, à la sortie de l’entracte : MM. Et Mme Sergent, E.Chagot, Aubry, Léon Pasquet, E.Rat, Liard, C.David, M. L’Abbé Bord, Mmes Cochin, Lamy, Langlois, Bridant, Meyer ; MM.Tazé, Georges et René Poirrier, Malle, E.Dupré, Ch.Bruneau, E.Hommier, Georges Jumel, Boudard, etc., etc., de nombreux officiers de tous grades et leurs familles.
Cette charmante soirée se termina par une intéressante séance cinématographique et il était minuit et demi quand se baissa le rideau.
Pour terminer, disons que depuis le 14 Mars, plusieurs séances du même programme ont été données aux troupes du centre d’instruction de Milly.
Paru dans "Milly dans la tourmente" (pages 89 et 90)
D'après l'article de l'Abeille d’Étampes ci-dessous de 1894, Eugène DUPRÉ aurait fait construire et aménager la salle de théâtre devenue par la suite une salle de concert et bal puis de cinéma.
Eugène DUPRÉ aurait repris l'affaire des limonadiers et charrons Louis DELACOURCELLE et son épouse Geneviève ANDRÉ entre 1861 et 1866. D'après les recensements effectués entre 1836 à 1861, Louis DELACOURCELLES était charron. Il a été recensé pour la première fois comme charron et limonadier en 1846.